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Projet Spinoza : une IA générative au service d’un journalisme éthique et augmenté

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Alors que le Sommet pour l’Action sur l’IA s’ouvre ce 10 février au Grand Palais, Reporters sans frontières (RSF) et l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) publient un rapport intitulé « SpinozIA, vers un journalisme augmenté et éthique ». Ce document présente les résultats et enseignements tirés de leur expérimentation du projet Spinoza, une initiative lancée en novembre 2023 visant à développer une intelligence artificielle générative open source dédiée aux journalistes.

Une IA conçue pour et par les journalistes

Lancé en octobre 2023 à l’initiative de RSF, le projet Spinoza avait pour ambition de créer un outil d’IA garantissant aux médias la propriété intellectuelle de leurs publications, tout en assurant la diffusion d’une information fiable et de qualité. Douze entreprises de presse, représentant 120 médias membres de l’Alliance, ont participé à cette expérimentation, parmi lesquelles Actu.fr, EBRA, L’Équipe, La Nouvelle République, La Provence, Le Télégramme, Libération, l’Union, Nice-Matin, PMSO, Sogemedia et Sud Ouest.

Contrairement à l’idée selon laquelle l’IA pourrait remplacer les journalistes, le projet visait à démontrer comment elle peut enrichir leur travail en facilitant l’accès à des données fiables. Développé en collaboration avec Ekimetrics, spécialiste de l’IA et de la data science, le prototype a été conçu pour optimiser la recherche documentaire et la reformulation des données, notamment dans le cadre du traitement médiatique du changement climatique et de la transition écologique.

Le système repose sur le modèle de langage GPT-3.5 d’OpenAI, combiné à un algorithme d’embedding permettant d’explorer des textes à la recherche de concepts sémantiquement proches des requêtes des journalistes. En mars 2024, l’outil s’appuyait sur une base de 12 000 articles de presse, enrichie par des sources ncomme
les rapports scientifiques du GIEC ;
les textes de lois français ;
les publications de l’ADEME ;
la stratégie nationale bas-carbone du gouvernement français.

L’intégration de l’Agence France-Presse (AFP) au projet en juillet 2024 a permis d’élargir la base de données à 28 450 articles de presse publiés depuis 2022, renforçant ainsi la diversité des sources d’information. Cette initiative comble les lacunes des bases de données scientifiques, souvent limitées à des échelles géographiques trop larges ou trop restreintes.

L’expérimentation a démontré l’intérêt d’associer les contenus journalistiques à d’autres sources de données. Toutes les informations générées par Spinoza sont sourcées, garantissant ainsi aux journalistes une traçabilité et une vérification rigoureuses des données utilisées.

Le rapport « SpinozIA, vers un journalisme augmenté et éthique » met également en lumière la perception de l’IA générative par les journalistes. Un questionnaire, réalisé en partenariat avec Econovia, a interrogé 281 journalistes exerçant en France. Il en ressort que, malgré certaines inquiétudes concernant la perte de contrôle éditorial, la désinformation ou l’impact sur les conditions de travail, l’IA générative est majoritairement perçue comme un levier de productivité.

En effet, 45 % des journalistes déclarent déjà l’utiliser dans leur travail, et 93 % envisagent d’y recourir pour des tâches spécifiques telles que la traduction de documents ; la retranscription d’entretiens ; la synthèse et la reformulation d’informations ; la génération de résumés d’articles.

L’étude révèle également que les journalistes considèrent avoir un rôle clé dans le développement et l’encadrement de l’IA : 86 % estiment être les mieux placés pour garantir un usage responsable de ces technologies dans la sphère médiatique.

Dans son rapport, Reporters sans frontières émet dix recommandations destinées aux médias afin d’encadrer l’usage de l’IA et d’en garantir l’intégrité. Il s’agit notamment d’établir des règles éthiques pour l’utilisation de l’IA dans les rédactions, de développer et partager des extensions du projet Spinoza avec la communauté journalistique pour permettre un audit externe, d’encourager la collaboration entre médias pour concevoir des outils d’IA adaptés au journalisme, de respecter le droit voisin des éditeurs de presse et le droit d’auteur des journalistes, d’intégrer les méthodes de travail journalistique dans la conception des systèmes d’IA et désigner des responsables éditoriaux, de maintenir à jour les bases de données utilisées dans les outils d’IA et garantir leur fiabilité, d’assurer la traçabilité des sources dans les bases de données, d’adapter les prompts en fonction des bases de données utilisées, de définir les prompts de manière collaborative et de préserver l’indépendance des médias dans l’usage des modèles de langage.

L’ouverture du projet se poursuit avec la mise à disposition prochaine de son code en open source sur la plateforme Hugging Face, offrant ainsi aux journalistes et aux développeurs la possibilité d’adapter l’outil à leurs besoins.

Thibaut Bruttin, Directeur général de RSF, souligne l’importance de cette initiative :
« RSF s’engage à promouvoir une innovation technologique qui respecte et renforce le journalisme. Le projet Spinoza démontre que l’IA peut être un outil au service des rédactions, en leur offrant une souveraineté technologique et en valorisant la richesse du contenu journalistique. Grâce à l’engagement des membres de l’Alliance, nous ouvrons la voie à un journalisme renforcé par l’IA, sans en être dépendant. »

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