L’intelligence artificielle n’a pas remplacé les radiologues, et l’idée d’une médecine entièrement automatisée reste éloignée de la réalité. Pourtant, l’essor de l’IA générative suscite un intérêt croissant dans le domaine médical, avec de multiples applications concrètes. Toutefois, ces innovations ne sont pas encore adoptées par l’ensemble des professionnels de santé.
« Idéalement, j’aimerais pouvoir me concentrer sur l’échange avec le patient, pendant que l’intelligence artificielle organise les observations, rédige le courrier médical, propose un arrêt de travail si nécessaire, ou établit la liste des examens biologiques requis », explique Thomas Lafon, médecin généraliste spécialisé en dermatologie et fondateur de Pictaderm, une société de télé-expertise en dermatologie.
Passionné par les nouvelles technologies, ce praticien teste régulièrement des outils intégrant de l’IA – comme Nabla, ChatGPT, Thiana ou Notebooklm – afin d’optimiser ses consultations et de réduire la charge administrative qui les accompagne. Thomas Lafon représente le type de professionnel que des acteurs comme Doctolib, qui a lancé en octobre 2024 un assistant de consultation enrichi par l’IA générative, cherchent à séduire.
D’autres entreprises comme Nabla, fondée en 2018, ou la start-up Thiana, basée à Caen, exploitent également le potentiel des grands modèles de langage. Nabla, par exemple, a commencé à expérimenter GPT-3 dès 2020, bien avant que le grand public ne découvre ChatGPT, et a lancé son outil Copilot en mars 2023.
« Avec l’âge, l’IA peut détecter de nombreuses anomalies mineures, mais ce n’est souvent pas pour ces raisons que le patient consulte, souligne Thomas Lafon. Rien ne remplace la rencontre directe avec le patient pour poser un diagnostic précis. Ces outils sont utiles s’ils me permettent de consacrer plus de temps à l’échange humain. »
En somme, bien que prometteuse, l’intelligence artificielle ne peut se substituer à l’expertise humaine. Elle constitue avant tout un outil d’assistance destiné à améliorer la pratique médicale, sans en devenir autonome.