Dans de nombreux pays africains, l’entreprise chinoise Huawei installe des caméras intelligentes équipées de systèmes de reconnaissance faciale. Cependant, cette initiative suscite des inquiétudes, notamment à la suite d’accusations selon lesquelles ces technologies auraient été utilisées pour cibler des opposants politiques en Ouganda et en Zambie. Certains observateurs redoutent l’émergence d’une surveillance technologique à la chinoise sur le continent.
Dans le cadre de son programme « Safe City » (villes sécurisées grâce aux technologies connectées), Huawei a signé des accords pour équiper plus de 200 villes dans 50 pays avec des systèmes de vidéosurveillance intégrant l’intelligence artificielle (IA). L’Afrique occupe une place significative dans ce projet, avec au moins 13 pays déjà concernés. Ces systèmes, combinant caméras de surveillance et logiciels de reconnaissance faciale, suscitent l’intérêt croissant de nombreux décideurs politiques.
Des outils puissants et controversés
Huawei, déjà leader dans les réseaux 5G et les technologies de communication, se positionne également comme un acteur clé de la surveillance intelligente. Toutefois, l’entreprise fait face à des critiques récurrentes, notamment des accusations d’espionnage pour le gouvernement chinois, ce qui lui a valu une interdiction sur le sol américain.
Lors d’une conférence organisée à Mombasa en 2019, Christo Abrahams, responsable technique de Huawei, a présenté les capacités avancées des algorithmes de la société. Selon lui, ces technologies peuvent analyser la démarche, la tenue vestimentaire, ou encore l’historique de déplacements d’une personne. « Les algorithmes peuvent prendre une image partielle de vous, reconstituer votre visage et remonter dans le temps pour savoir où vous étiez, ce que vous faisiez, avec qui, et même quel véhicule vous conduisiez », a-t-il déclaré.
Ces capacités, bien qu’impressionnantes sur le plan technologique, soulèvent des préoccupations majeures en matière de vie privée et de libertés individuelles. Simon Allison, journaliste ayant couvert l’événement, a résumé l’enjeu de ces technologies : « La vision de Huawei repose sur une surveillance omniprésente, utilisant l’intelligence artificielle et la 5G pour suivre, enregistrer et analyser chaque mouvement humain. »
Alors que les systèmes de Huawei promettent d’améliorer la sécurité urbaine, ils posent également la question de leur potentiel usage abusif dans des régimes autoritaires ou peu respectueux des droits humains.